La Guadeloupe s’étend sur un ensemble d’îles et d’îlets formant un archipel des Petites Antilles. Sa superficie terrestre d’environ 1 628 km² et son vaste espace maritime abritent une multitude de sites remarquables. Le relief, dominé par la Soufrière culminant à 1 467 m, les formations coralliennes sur Grande-Terre, les forêts humides sur Basse-Terre, les savanes herbeuses, les mangroves, ainsi que des siècles d’histoire humaine ont forgé un patrimoine extrêmement varié. Les visiteurs y trouven…
…t des îlets sauvages, des cascades spectaculaires, une flore endémique, des monuments historiques, des églises, des musées, des parcs et jardins, des distilleries témoignant du rôle central de la canne à sucre, ainsi que des traditions créoles toujours vivaces.
Explorer les îlets préservés
Les îlets disséminés autour des côtes guadeloupéennes constituent des espaces protégés, souvent inscrits dans le Parc National ou des réserves naturelles. L’Îlet à Fajou, situé au cœur du Grand Cul-de-Sac Marin, couvre environ 115 hectares et fait partie d’une réserve depuis 1979. Il abrite mangroves, herbiers et récifs coralliens. Les herbiers marins, composés de phanérogames telles que Thalassia testudinum, nourrissent des tortues vertes (Chelonia mydas), tandis que les mangroves, dominées par le palétuvier rouge (Rhizophora mangle), offrent un abri à de nombreuses espèces juvéniles de poissons. Les îlets, tel l’Îlet Caret, minuscule banc de sable, subissent l’érosion et leur superficie diminue au fil des ans. Un arrêt en bateau dans ces eaux limpides (visibilité jusqu’à 20 mètres) permet de pratiquer le snorkeling et d’observer poissons-perroquets, papillons, chirurgiens, et gorgones. Les îlets de Petite-Terre, classés réserve naturelle depuis 1998, abritent l’iguane antillais (Iguana delicatissima), endémique et menacé, avec des densités pouvant atteindre plusieurs centaines d’individus par km². Ces îlets se visitent en excursion à la journée, limitant le nombre de visiteurs pour préserver leurs écosystèmes.
Admirer les cascades et sources d’eau
Le relief volcanique de la Basse-Terre, alimenté par plus de 3 000 mm de pluie annuelle sur les sommets, crée un réseau hydrographique dense. Les plus célèbres, les Chutes du Carbet, comptent trois cascades, la seconde mesurant plus de 110 mètres. Un sentier aménagé (environ 2 km aller-retour) permet d’atteindre un point d’observation face à la chute, au cœur d’une végétation luxuriante : fougères arborescentes, gommiers, balisiers. La température ambiante, autour de 20°C à 600 m d’altitude, contraste avec la chaleur côtière. Sur d’autres sentiers, la Cascade aux Écrevisses, accessible en 5 minutes depuis la Route de la Traversée, offre un bassin naturel pour une baignade rafraîchissante. Dans la commune de Capesterre-Belle-Eau, le Grand Étang (lac d’altitude) présente un paysage forestier humide, habitat des crabes d’eau douce, d’insectes rares, et de plantes hydrophiles. Certaines sources d’eau chaude sulfureuses, alimentées par l’activité volcanique, comme les Bains Jaunes au pied de la Soufrière, permettent une pause détente dans une eau entre 30°C et 38°C.
Rencontrer une faune et une flore uniques
Plus de 300 espèces d’arbres sont recensées dans la forêt tropicale humide de la Basse-Terre, partie intégrante du Parc National créé en 1989. Des fougères arborescentes pouvant atteindre 8 à 10 mètres de hauteur, des épiphytes (broméliacées, orchidées) et des essences endémiques (gommiers, châtaigniers pays) composent un écosystème riche. La faune terrestre, moins diversifiée que la flore, inclut toutefois le colibri madère (Eulampis jugularis), le pic de Guadeloupe (Melanerpes herminieri), l’anolis, le racoon (raton-laveur local). Dans les mangroves, crabes violonistes, huîtres de palétuviers, crevettes et petits poissons fourrages complètent la chaîne alimentaire. Les zones humides favorisent papillons, libellules, batraciens et invertébrés. Les milieux marins, herbiers et récifs coralliens, abritent plus de 200 espèces de poissons côtiers, dont poissons-anges, chirurgiens, perroquets, langoustes, lambis, murènes.
Découvrir les églises et le patrimoine religieux
La colonisation, initiée au XVIIe siècle, a laissé un héritage religieux significatif. Des églises, souvent reconstruites après cyclones ou séismes, ponctuent le paysage. La Cathédrale Notre-Dame de Guadeloupe, à Basse-Terre, remonte pour partie au XVIIIe siècle. Construite en pierres volcaniques, elle a subi des restaurations après le séisme de 1843. Ses vitraux, stalles en bois, et statues rappellent l’influence du catholicisme antillais. L’église de Saint-Pierre et Saint-Paul, à Pointe-à-Pitre, édifiée au XIXe siècle, présente une architecture de type métallique inspirée de Gustave Eiffel. Les cérémonies, parfois accompagnées de chants créoles, témoignent d’un christianisme ancré dans la culture locale, mêlé à des croyances populaires. Les cimetières, comme celui de Morne-À-l’Eau, aux tombes carrelées de noir et blanc, reflètent aussi une esthétique funéraire spécifique.
Plonger dans l’histoire à travers les musées et monuments
Les musées de Guadeloupe révèlent l’histoire amérindienne, coloniale, agricole, et culturelle.
- Le Mémorial ACTe, à Pointe-à-Pitre, ouvert en 2015, s’étend sur plus de 7 000 m² et propose une muséographie multimédia sur la traite, l’esclavage et leurs héritages. Plus de 100 000 visiteurs annuels y découvrent documents, témoignages, art contemporain, mémoires orales.
- Le Musée Edgar Clerc, au Moule, expose plus de 2 000 objets amérindiens (céramiques, outils lithiques) datant de plus de 1 000 ans.
- Le Musée Saint-John Perse, dans une maison créole de Pointe-à-Pitre, rend hommage au poète prix Nobel de littérature.
- Le Musée du Rhum, attenant à la distillerie Reimonenq, présente alambics anciens, insectes tropicaux, et archives sur l’histoire sucrière.
Côté monuments, le Fort Delgrès, dominant la baie de Basse-Terre, érigé au XVIIe siècle et remanié au XVIIIe, fut témoin de la résistance à la réintroduction de l’esclavage en 1802. Ses bastions, casernes, poudrières, offrent un parcours patrimonial et des vues panoramiques. Les ruines d’anciennes sucreries, les moulins sur Marie-Galante (on en comptait plus de 600 au XIXe siècle), rappellent la prospérité agricole d’autrefois.
S’imprégner des traditions et du folklore
La Guadeloupe, au carrefour des influences africaines, européennes et amérindiennes, a forgé une culture créole. Le gwo-ka, musique traditionnelle reposant sur sept rythmes de tambours ka, accompagne chants et danses depuis le XVIIIe siècle. Les fêtes patronales, célébrées dans chaque commune, rassemblent autour de processions religieuses, de stands de gastronomie (accras, boudins, colombo), et de compétitions sportives (course de canots, régates). Le carnaval, de janvier à mars, défile dans les rues de Pointe-à-Pitre et Basse-Terre, entraînant plus de 50 000 participants : costumes colorés, masques, percussions, chorégraphies. Les marchés, ouverts dès 6h, offrent épices (cannelle, girofle, bois d’Inde), fruits (ananas, maracujas, mangues), poissons (dorade, vivaneau), rhums arrangés. Les artisans façonnent vannerie en roseau, poteries, bijoux en graines, tout un artisanat valorisant les ressources locales.
Flâner dans les parcs et jardins
La végétation tropicale, soutenue par des précipitations abondantes et des températures entre 24°C et 28°C, forme la base des parcs et jardins de Guadeloupe. Le Jardin Botanique de Deshaies, s’étendant sur 7 hectares, regroupe plus de 1 000 espèces de plantes exotiques : hibiscus géants, bougainvilliers, alpinias, roses de porcelaine, palmiers royaux. Des bassins où nagent carpes koï, une volière de loris arc-en-ciel, des belvédères sur la mer des Caraïbes en font une visite d’environ 1h30. Le Parc Floral de Valombreuse, sur plus de 5 hectares, présente heliconias, anthuriums, fougères, un parcours ludique pour enfants, des airs de pique-nique. La Maison de la Forêt, au cœur du Parc National, propose des sentiers pédagogiques, des panneaux explicatifs sur la biodiversité forestière, des points d’observation ornithologique, permettant d’apercevoir le colibri madère ou le pigeon à couronne blanche. Le Jardin d’Eau de Goyave met en avant nénuphars, lotus, papyrus, montrant la richesse des milieux humides. Entre décembre et mai, saison plus sèche, les sentiers sont plus accessibles et la flore en pleine expansion florale.
Visiter les distilleries et comprendre la filière rhum
La canne à sucre, introduite au XVIIe siècle, a façonné l’économie, le paysage et la culture guadeloupéenne. Aujourd’hui, plus de 10 distilleries actives produisent du rhum agricole à partir de jus de canne frais. Chaque année, plus de 10 millions de litres de rhum sont produits, dont des rhums blancs (50° à 59°), des rhums ambrés (vieillis 12 à 18 mois) et des rhums vieux (plusieurs années en fûts de chêne). Les distilleries, comme Damoiseau au Moule (produisant plus de 3 millions de litres par an), Longueteau à Capesterre-Belle-Eau (la plus ancienne exploitation familiale depuis 1895), Bologne, Reimonenq, Montebello, Bellevue ou Poisson (Père Labat) sur Marie-Galante, ouvrent leurs portes aux visiteurs. Des visites guidées (30 à 60 minutes) expliquent les étapes : coupe de la canne entre février et juin, broyage, fermentation (24 à 48 h), distillation en colonne créole, vieillissement en fûts de bourbon ou de cognac. Les dégustations permettent d’apprécier la diversité aromatique, d’acheter des bouteilles, des liqueurs, des punchs arrangés aux fruits locaux (coco, goyave, maracuja). Les musées attenants exposent alambics anciens, photos d’époque, cartes montrant l’évolution du commerce du sucre. Les tarifs d’entrée, entre 5 et 10 €, restent abordables.
Évoluer au cœur d’une histoire pluriséculaire
Au-delà des sites précités, la Guadeloupe recèle des monuments comme le Fort Fleur d’Epée, à Gosier, datant du XVIIIe siècle, offrant une vue sur la côte et abritant parfois des expositions temporaires. Des phares, comme celui de l’îlet du Gosier, rappellent l’importance de la navigation. Les anciennes sucreries, reconnaissables à leurs cheminées en pierre, rappellent la monoculture de la canne. Des mornes (collines) portent encore le nom de lieux marqués par la résistance à l’esclavage. Les écoles, collèges, bibliothèques rendent hommage à des figures locales, écrivains, poètes, militants anticolonialistes.
Les traditions agricoles perdurent dans certaines fermes pédagogiques, produisant des fruits, épices, cacao, café. Le café, cultivé sur les pentes de la Basse-Terre, offre un arabica doux, parfois vendu en circuits courts. Le cacao, transformé artisanalement, révèle un chocolat d’une grande finesse, dégusté lors des visites à la Maison du Cacao. Les marchés hebdomadaires, en plus des produits frais, vendent des épices moulues sur place, du piment bondamanjak (extrêmement fort), des confitures maison (goyave, banane, papaye), du miel local, contribuant au maintien de traditions culinaires.
Choisir la bonne période et préparer sa visite
La saison sèche, de décembre à mai, avec des pluies plus rares, facilite l’accès aux cascades, la plongée avec une visibilité accrue (jusqu’à 25 m en mer), la visite des îlets sans houle excessive. Les températures, stables entre 24°C et 28°C, assurent un confort optimal. Les offices de tourisme fournissent des cartes, des guides, et indiquent les horaires d’ouverture des musées (généralement 9h à 17h), des distilleries, des parcs. Certaines réserves imposent une limitation du nombre de visiteurs, mieux vaut réserver en haute saison. Les prix varient selon la période, un billet d’entrée pour un musée ou un parc floral oscillant entre 5 et 15 € selon le site. Les visites de distilleries sont souvent gratuites, seules les dégustations ou ateliers payants ajoutent un coût.
Les distances entre les sites restent raisonnables : une heure de route sépare généralement la zone côtière de la forêt humide.