Vie sous-marine

Un voyage sensoriel dans des eaux cristallines où cohabitent récifs coralliens, poissons multicolores et tortues marines. Chaque plongée est une évasion.
Mammifères marins
Dans les eaux guadeloupéennes, les mammifères marins sont principalement représentés par des baleines, des dauphins et, historiquement, par le lamentin (manatí). Le plus observable est le dauphin, notamment le Tursiops truncatus (grand dauphin), présent toute l’année près des côtes, et le Stenella frontalis (dauphin tacheté de l’Atlantique), fréquentant souvent les zones plus profondes. Les baleines sont surtout représentées par la baleine à bosse, **Megaptera novae…
…angliae**, qui migre depuis l’Atlantique Nord pour se reproduire dans les eaux tropicales.
On observe généralement la baleine à bosse entre janvier et avril, période où les adultes et les baleineaux se montrent dans le canal entre la Guadeloupe et Marie-Galante. Les eaux guadeloupéennes, accueillent aussi, plus rarement, le Physeter macrocephalus (cachalot), présent dans les zones plus profondes, au-delà du plateau insulaire. Le lamentin des Antilles, Trichechus manatus, autrefois présent, a disparu localement depuis le milieu du XXe siècle, principalement en raison de la chasse et de la dégradation de son habitat.
Les populations de mammifères marins bénéficient toutefois aujourd’hui de mesures de protection, ce qui permet d’observer régulièrement des groupes de dauphins en bonne santé. L’observation en mer, encadrée par la réglementation, permet d’assister aux comportements de chasse, de communication et de socialisation de ces animaux sans les perturber.
Récifs coralliens et faune associée
Les récifs coralliens de Guadeloupe se développent sur des fonds peu profonds, entre 0 et 30 mètres de profondeur, principalement au sud de Grande-Terre et autour des îles de l’archipel des Saintes. Ils sont formés par des coraux constructeurs, tels que Acropora palmata (corail corne d’élan), Acropora cervicornis (corail corne de cerf) et des coraux massifs comme le Montastraea cavernosa. On recense plus de 50 espèces de coraux durs dans les eaux guadeloupéennes. Ces récifs servent d’abris et de nourricerie à une multitude d’espèces de poissons comme le Acanthurus chirurgus (chirurgien brun), le Sparisoma viride (poisson-perroquet), le Haemulon flavolineatum (gorette à lignes jaunes), ou encore le Epinephelus striatus (mérou de Nassau), aujourd’hui menacé.
Les récifs hébergent également crustacés (langoustes, crevettes nettoyeuses), mollusques (strombes, lambis) et éponges. La structure tridimensionnelle du récif, créée par l’empilement des colonies coralliennes sur plusieurs décennies, offre des refuges pour les juvéniles de nombreuses espèces commerciales, participant indirectement aux ressources halieutiques locales.
Toutefois, la couverture corallienne a subi des déclins, en raison du blanchissement causé par l’élévation des températures, de maladies (comme la White Band Disease) et de la pression anthropique (pollutions côtières, ancrage des bateaux). Des initiatives locales de restauration (bouturage de coraux, interdictions de pêche sur certaines zones) se mettent en place afin de maintenir et réhabiliter ces habitats précieux.
Tortues marines
Les tortues marines présentes en Guadeloupe incluent la Chelonia mydas (tortue verte), l’Eretmochelys imbricata (tortue imbriquée), la Dermochelys coriacea (tortue luth) et, plus occasionnellement, la Caretta caretta (tortue caouanne).
- La tortue verte, herbivore, fréquente les herbiers côtiers où elle broute les phanérogames marines, tandis que la tortue imbriquée, au bec crochu, se nourrit d’éponges sur les récifs coralliens.
- La tortue luth, la plus grande tortue marine au monde avec parfois plus de 2 mètres de longueur et un poids dépassant les 500 kg, vient pondre sur certaines plages isolées, principalement entre avril et juillet.
La Guadeloupe est un site de ponte important pour ces espèces migratrices, les plages de Marie-Galante et de la Désirade accueillant par exemple chaque année plusieurs dizaines de pontes. Chacune des espèces bénéficie d’une protection légale totale. Des programmes de suivi scientifique, marquage et sensibilisation sont menés par des associations locales.
L’objectif est de suivre l’évolution des populations, caractériser les sites de ponte, et limiter les menaces (braconnage, pollutions plastiques, collisions avec les bateaux). Les tortues marines jouent un rôle important dans la dynamique des écosystèmes marins, la tortue verte contribuant notamment à maintenir la qualité des herbiers en évitant leur prolifération excessive.
Oiseaux marins
Les zones côtières et les îlots isolés abritent plusieurs espèces d’oiseaux marins, notamment le Pelecanus occidentalis (pélican brun), le Fregata magnificens (frégate superbe), le Sula leucogaster (fou brun) et le Phaethon aethereus (paille-en-queue à bec rouge).
- Le pélican brun, reconnaissable à son envergure pouvant dépasser 2 mètres et son bec muni d’une poche extensible, niche généralement sur les îlets, construisant son nid dans les arbustes.
- Les frégates superbes, élégantes et dotées d’une envergure pouvant atteindre 2,3 mètres, planent au-dessus des eaux côtières et capturent poissons ou vols de petits oiseaux marins.
- Les fous bruns s’observent souvent sur les îlets éloignés des activités humaines, formant des colonies de quelques dizaines à plusieurs centaines d’individus.
- Les pailles-en-queue, reconnaissables à leurs deux longues plumes caudales, nichent en petites colonies, principalement dans des falaises ou îlots rocheux, avec généralement 1 seul œuf par couvée.
Certaines de ces espèces bénéficient de réserves naturelles, comme à la Désirade, permettant leur protection, l’étude de leur biologie, et la sensibilisation du public. Les oiseaux marins assurent le transport de nutriments depuis la mer vers la terre grâce à leurs fientes riches en phosphore, participant au cycle des éléments et fertilisant certaines zones côtières.
Mangroves et herbiers
Les mangroves, composées principalement de palétuviers tels que le Rhizophora mangle(palétuvier rouge), l’Avicennia germinans (palétuvier noir) et le Laguncularia racemosa (palétuvier blanc), recouvrent environ 3 000 hectares en Guadeloupe. Elles s’étendent principalement dans les zones abritées, lagunes, estuaires et baies peu profondes. Les racines échasses des palétuviers rouges, qui peuvent atteindre plus de 2 mètres de hauteur, forment un réseau complexe. Elles piègent les sédiments, atténuent la force des vagues, et offrent un milieu refuge pour de nombreuses larves de poissons, crustacés et mollusques. Cette fonction de nurserie est capitale pour la reconstitution des stocks halieutiques. La qualité des eaux, souvent enrichies en matière organique, favorise aussi la présence de juvéniles de crevettes et de crabes.
Les mangroves stockent d’importantes quantités de carbone, aidant à la lutte contre le réchauffement climatique. La récolte traditionnelle et durable de certains produits (miel de palétuviers, crabes) est pratiquée dans certaines zones, tandis que des mesures de protection interdisent leur destruction sans autorisation.
Les herbiers marins, principalement constitués de Thalassia testudinum (herbe à tortue) et de Syringodium filiforme (herbe à cylindres), se développent en tapis denses sur des fonds sablo-vaseux, entre 1 et 10 mètres de profondeur. Ils recouvrent plusieurs centaines d’hectares, surtout dans les lagons abrités de la côte sous le vent. Les herbiers jouent un rôle crucial en limitant l’érosion des fonds, en piégeant le carbone et en offrant une source de nourriture aux tortues vertes et aux poissons herbivores. On y retrouve aussi le Lobatus gigas (lambi), un mollusque emblématique des Caraïbes, ainsi que des concombres de mer et des oursins diadèmes. Les herbiers sont ainsi essentiels au maintien de la biodiversité, à la productivité des zones côtières et à la stabilité des populations de certaines espèces commerciales (poissons, coquillages).
Toutefois, ces milieux demeurent fragiles : l’ancrage non contrôlé, la pollution et le piétinement détruisent les feuilles et rhizomes, menaçant leur équilibre. Des actions de préservation (réglementations, zones de mouillage organisées, surveillance) et de sensibilisation du public visent à garantir leur pérennité.