Pêche

La Guadeloupe offre une variété de conditions marines favorables à la pêche, grâce à une température de l’eau stable entre 26°C et 29°C, un plateau continental étroit et la proximité de profondeurs importantes à quelques milles des côtes. Les courants marins, issus notamment du courant Nord-Équatorial, transportent une abondance de nutriments, favorisant la présence de poissons-pélagiques. Les fonds sablonneux, les récifs coralliens, les herbiers et les mangroves créent différents habitats. L’archipel, avec une superficie marine sous juridiction d’environ 85 000 km², dispose d’une flotte de pêche artisanale et de prestataires touristiques spécialisés, proposant matériel, embarcations et guides.
Types de pêche pratiqués et cadre réglementaire
Plusieurs techniques de pêche sont accessibles : la pêche côtière à la ligne depuis les quais, la pêche à soutenir sur les fonds meubles, la traîne légère dans les lagons, la pêche au lancer dans les passes, et la pêche au gros au large, ciblant notamment marlins, thons et espadons. Les embarcations destinées à la pêche sportive, longues de 7 à 12 mètres, sont équipées de sondeurs, GPS, viviers et cannes de 30 à 80 lbs. Les sorties dure…
…nt souvent 4 à 8 heures, avec des départs à l’aube, quand l’activité des poissons carnassiers est plus intense. La législation impose des tailles minimales et des quotas pour certaines espèces, ainsi que l’interdiction de la pêche sous-marine avec bouteilles. Le port de gilet de sauvetage est obligatoire, et les autorités maritimes (Affaires maritimes, Parc National, Réserves Naturelles) contrôlent régulièrement la conformité des pratiques.
Espèces ciblées et intérêt halieutique
Pour répondre à la question « Quel poisson pêcher en Guadeloupe ? », on trouve une grande diversité. En pêche côtière, on capture le Lutjanus analis (vivaneau gris), le Lutjanus synagris (vivaneau rayé), le Haemulon flavolineatum (gorette), le Scomberomorus regalis (thazard), le Coryphaena hippurus (mahi-mahi), ou encore le Thunnus atlanticus (thon à nageoires noires). Sur les plateaux coralliens, des mérous (Epinephelus striatus), des carangues (Caranx latus) et des barracudas (Sphyraena barracuda) répondent aux techniques de leurre ou de vif. Au large, la pêche au gros en Guadeloupe cible le Makaira nigricans (marlin bleu), l’Istiophorus albicans (voilier de l’Atlantique), le Thunnus obesus (thon obèse), le Acanthocybium solandri (wahoo) et le Thunnus albacares (thon jaune). Ces poissons migrateurs suivent les masses d’eau riches en proies, offrant des combats de plusieurs minutes, voire plus de 30 minutes pour un marlin dépassant 100 kg.
Zones de pêche et accès aux spots
Les emplacements varient selon les préférences. Le littoral de Grande-Terre, avec ses côtes calcaires, offre des points de pêche sur les quais de Saint-François, Le Moule ou Le Gosier, où la profondeur à quelques mètres du rivage peut déjà atteindre 5 à 10 mètres. Les passes entre le lagon et le large (ex : Passe de la Grande Vigie) concentrent des carangues, barracudas et tarpons. Le Grand Cul-de-Sac Marin, vaste zone de mangroves et d’herbiers, abrite des espèces juvéniles, des lutjans, des bonefish (Albula vulpes) et des mulets.
En Basse-Terre, les fonds volcaniques tombent rapidement à plus de 100 mètres, permettant la traîne au gros à courte distance des côtes. Le Canal des Saintes, entre Terre-de-Haut et la Guadeloupe continentale, voit passer des bancs de thons et de dorades coryphènes.
Marie-Galante, La Désirade et Les Saintes sont aussi des bases de départ vers le large. Les bateaux de charter, basés à Saint-François ou Rivière-Sens, conduisent les pêcheurs à des spots reconnus, dont certains sont localisés grâce aux reliefs sous-marins comme des monts isolés, des tombants, des têtes de corail ou des sources d’eau douce sous-marine. Les grandes distances ne sont pas nécessaires : en moins de 30 minutes de navigation, on atteint souvent des zones poissonneuses.
Meilleures périodes et conditions météorologiques
Le climat tropical maritime offre une saison sèche, de décembre à mai, plus propice aux sorties en mer calmes, et une saison humide, de juin à novembre, marquée par plus de précipitations et le risque cyclonique. Les mois de janvier à avril sont généralement les plus stables, avec une mer moins agitée, des alizés soufflant entre 15 et 25 km/h, des vagues modestes (1 à 1,5 mètre), facilitant la pêche au gros. Les marlins sont plus fréquents au printemps, les thons en hiver, alors que le mahi-mahi est présent quasiment toute l’année, avec un pic durant les périodes de migrations saisonnières.
Les pêcheurs locaux recommandent les marées de fin de journée, quand la luminosité décroît et que les prédateurs chassent près de la surface. Les conditions océaniques, influencées par des fronts chauds et la température de surface de la mer, créent des zones riches en proies, identifiées visuellement (oiseaux marins, débris végétaux, lignes de courant).
Équipements, appâts et techniques
Les appâts utilisés incluent le vif (petits bonites, balaous), les leurres de surface, les jigs métalliques et les mouches artificielles. Les lignes en tresse de 50 à 80 lbs, des bas de ligne en fluorocarbone de 60 à 100 lbs, des émerillons costauds, et des hameçons renforcés à revêtement anti-corrosion sont essentiels. Les moulinets à frein puissant, en particulier pour la traîne au marlin, doivent être entretenus régulièrement.
Pour la pêche côtière, une canne de 2 à 2,5 mètres suffit, tandis que pour la pêche au gros, des cannes plus courtes mais plus robustes, équipées de fauteuil de combat sur le bateau, sont nécessaires. Les sondeurs modernes, travaillant à 50 ou 200 kHz, permettent d’identifier les bancs de poissons fourrages et la topographie des fonds, optimisant le positionnement.
Aspects culturels et économiques
La pêche en Guadeloupe a une importance historique. L’archipel produit plus de 2 000 tonnes de poisson chaque année via la pêche artisanale, alimentant le marché local en poisson frais (thazard, tazar, dorade coryphène, vivaneau). Les techniques traditionnelles, comme la pêche au casier pour le homard, la pêche à la senne de plage ou la palangrotte, coexistent avec la pêche sportive pour les touristes.
Des fêtes locales, comme la Fête du Poisson à La Désirade, célèbrent ce lien. Les excursions de pêche sportive, facturées entre 120 et 200 € par personne pour une demi-journée, participent à l’économie du tourisme, soutenant skippers, mécaniciens, vendeurs de matériel, loueurs de bateaux, et restaurateurs qui préparent le poisson pêché. Les guides, formés à la biologie marine, sensibilisent les visiteurs à la fragilité des écosystèmes coralliens, rappelant les réglementations (tailles minimales, périodes de fermeture pour certaines espèces, interdiction de la pêche dans les réserves marines).
Zones protégées et gestion durable
La Guadeloupe compte plusieurs aires marines protégées, comme la Réserve Cousteau, où la pêche est limitée, favorisant la reconstitution des stocks.
- Le Parc National de Guadeloupe, couvrant 22 000 hectares de terres et une large zone marine, encadre la gestion des ressources.
- La pêche responsable implique de respecter les tailles légales : par exemple, le vivaneau doit dépasser 20 cm, et les quotas journaliers limitent la prise de certaines espèces prisées.
- Les tour-opérateurs encouragent le « catch and release » pour les marlins, afin de préserver les reproducteurs.
- Les données collectées par les observateurs scientifiques aident à évaluer la santé des stocks.
Les pratiques durables garantissent la disponibilité future des ressources, essentielles pour la sécurité alimentaire locale et le maintien de la filière.