Histoire de la Guadeloupe

Des vestiges amérindienne à l’abolition de l’esclavage, L'histoire de l'archipel est riche et vibrante. Un passé qui vous immerge dans une expérience authentique.
Les premiers habitants
avant l’arrivée des Européens, l’île, nommée "Karukera" ou « l’île aux belles eaux », était peuplée par les Arawaks et plus tard les Kalinagos.
Les Arawaks, venus d’Amérique du Sud il y a environ 2 500 ans, vivaient en harmonie avec la nature, cultivant le manioc et pêchant dans les eaux claires. Ils laissèrent place aux Kalinagos, de redoutables guerriers et navigateurs qui marquèrent l’identité spirituelle et culturelle de la région.
L’arrivée de Christophe Col…
…omb en 1493 bouleversa cet équilibre. La colonisation européenne entraîna des conflits, des épidémies et l’esclavage, scellant le destin tragique des Amérindiens.
Pourtant, leur héritage perdure dans les toponymes comme Goyave ou Karukera, les techniques agricoles comme le boucanage, et des sites archéologiques tels que le Parc des Roches Gravées à Trois-Rivières.
La colonisation européenne
Au XVIIᵉ siècle, la Guadeloupe devient un enjeu stratégique pour les puissances européennes. Colonisée par la France en 1635, elle fut convoitée par l’Angleterre, qui l’occupa plusieurs fois. L’île prospéra grâce à l’économie de plantation fondée sur le sucre, le cacao et le tabac, au prix de l’asservissement des Africains. Les vestiges de cette époque, tels que les ruines de sucreries à Sainte-Rose et les forteresses comme celle de Delgrès à Basse-Terre, témoignent de cette période prospère mais marquée par la souffrance humaine. Ces structures racontent l’histoire de la colonisation et des résistances héroïques qui l’ont accompagnée.
Les révoltes et l'abolition de l'esclavage
Avec l’arrivée des premiers esclaves africains au XVIIᵉ siècle, la Guadeloupe entra dans une ère sombre où l’exploitation économique reposait sur la souffrance humaine. Les esclaves, arrachés à leurs terres, apportèrent malgré tout leurs traditions, leurs musiques comme le gwo ka, et leur résilience. Le cri de "Vivre libre ou mourir", porté par Louis Delgrès. Il choisit de mourir libre plutôt que de se rendre, un acte qui résonne encore aujourd'hui dans la mémoire collective.
En 1802, la Guadeloupe est le théâtre de résistances héroïques contre le rétablissement de l'esclavage par Napoléon Bonaparte. Ces événements marquants sont documentés par des récits historiques et des archives locales, soulignant les affrontements entre les troupes de Delgrès et celles de Napoléon. Des sources telles que les "Mémoires de la Guadeloupe" rappellent l'importance de ces résistances dans la lutte pour la liberté.
Louis Delgrès et Joseph Ignace se dressent comme des symboles de détermination. Les statues de Louis Delgrès, situées à Saint Claude et aux Abymes, et celle de Sonjé Inyas "Joseph Ignace", à Pointe-à-Pitre, honorent leur sacrifice.
Alors que la première abolition en 1794 fut de courte durée, l’abolition définitive en 1848, orchestrée par Victor Schoelcher, libéra 87 000 esclaves. Ce moment fondateur, commémoré chaque 27 mai, est un pilier de l’identité guadeloupéenne.
Le métissage culturel : une mosaïque d’influences
L’après-esclavage vit l’arrivée de travailleurs indiens sous contrat, venus compenser le manque de main-d’œuvre dans les plantations. Entre 1854 et 1888, près de 40 000 Indiens enrichirent la culture guadeloupéenne avec leurs traditions religieuses, leurs temples et leur cuisine, comme le fameux colombo. Les apports africains, européens et amérindiens se mêlèrent pour forger une identité unique, reflétée dans la langue créole, les danses et la gastronomie.
Ce métissage ne se limita pas aux Indiens. Des communautés chinoises, syriennes et haïtiennes contribuèrent également à la diversité culturelle, chacune apportant ses pratiques et ses savoirs, de la cuisine aux activités commerciales.
Un combat pour la dignité : les luttes identitaires et politiques
Devenue département français en 1946, la Guadeloupe n'a cessé de défendre son identité face à l’assimilation. Les événements de mai 1967, marqués par des manifestations réprimées dans le sang, prouvent la force de ses habitants pour la revendication d'égalité sociale.
Pour preuve, en mai 1967, des manifestations pour les droits des travailleurs sont brutalement réprimées à Pointe-à-Pitre. Ces événements, déclenchés par des revendications salariales et des inégalités sociales, ont conduit à une intervention des forces de l'ordre, causant des dizaines de morts et de blessés. La fresque Mé 67, située à Pointe-à-Pitre, commémore ce drame et rappelle l'importance des luttes sociales pour l'amélioration des conditions de vie en Guadeloupe. Cet épisode tragique est immortalisé par la fresque Mé 67, située à Pointe-à-Pitre. Elle illustre les luttes sociales et rappelle les sacrifices consentis pour les droits des Guadeloupéens.
La grève générale de 2009 menées par le LKP montre cette quête continuelle de justice sociale et d’autonomie. Des figures comme Gerty Archimède, première femme députée guadeloupéenne, et Solitude, héroïne de la résistance, incarnent cette lutte pour la reconnaissance et l’égalité.
Aujourd’hui, le Carnaval de Guadeloupe, avec ses costumes flamboyants et ses rythmes endiablés, continue de célébrer cette identité plurielle. La culture créole est également mise en valeur par des figures comme Vélo, surnommé "le roi du gwo ka", un maître tambouyé. La statue de Marcel Lollia à Pointe-à-Pitre est un hommage à son rôle dans la transmission de cette musique traditionnelle.
Un combat climatique et sismique
Alors que les luttes pour la dignité et l'identité continuent de façonner l'histoire sociale et culturelle de la Guadeloupe, un autre combat se joue sur le plan naturel. Exposée aux caprices climatiques et à une activité sismique intense, l’archipel fait face à des épreuves dévastatrices qui mettent en lumière la résilience remarquable de sa population.
Située en zone sismique et exposée aux cyclones. La Guadeloupe a fait face à de nombreuses catastrophes naturelles, comme le cyclone Hugo en 1989 et l’éruption de la Soufrière en 1976. Ces épreuves, bien que dévastatrices, ont renforcé la résilience de la population. Les initiatives de prévention, comme le Plan Séisme Antilles, témoignent d’une volonté de protéger l’archipel tout en honorant sa richesse naturelle.
L’histoire vivante dans les parcours et lieux de mémoire
Le "Chimen-trasé a patrimwan an nou" est un parcours patrimonial situé à Baie-Mahault, en Guadeloupe, qui retrace symboliquement l'itinéraire emprunté par le capitaine Joseph Ignace et ses compagnons lors de la lutte pour la liberté en mai 1802. Ce circuit de 4,6 km, ponctué de panneaux explicatifs et de stèles commémoratives, permet aux visiteurs de découvrir des lieux emblématiques liés à cette période historique, notamment des hommages à Louis Delgrès et aux combattants de l'époque. Le parcours commence rue du 6 mai 1802, devant le centre culturel Gérard Lockel, et se termine au centre nautique de Birmingham, offrant une immersion éducative et mémorielle au cœur de l'histoire guadeloupéenne.
« Le chemin parcouru par nos ancêtres est une leçon d'espoir et de résilience pour les générations futures », a déclaré un intervenant lors d’une commémoration récente sur ce parcours, rappelant l'importance de transmettre ces mémoires.
La participation de la Guadeloupe aux conflits mondiaux est commémorée par des lieux comme le Monument aux morts 14-18 de Pointe-à-Pitre, inauguré en 1924 lors d'une cérémonie officielle marquée par la présence des autorités locales et métropolitaines. Ce monument honore les soldats guadeloupéens qui ont combattu et donné leur vie pour la France. Les plaques gravées rappellent les liens profonds entre l'archipel et la métropole.
« La mémoire de ceux qui se sont battus pour notre liberté est une flamme que nous devons maintenir vive », selon un discours prononcé lors de l’inauguration du monument.
La figure emblématique de la mulâtresse Solitude, symbole de la résistance à l'esclavage, est honorée par une statue. Solitude a combattu aux côtés de Louis Delgrès avant d'être capturée et exécutée. Sa statue, située à Pointe-à-Pitre, rappelle le rôle crucial des femmes dans les luttes pour la liberté.
« Elle portait en elle la voix des opprimés, et aujourd'hui encore, son courage nous inspire », peut-on lire sur une plaque à proximité de sa statue.
Le rôle de figures historiques dans la Résistance française est également mis en avant, notamment avec la statue de Félix Éboué à Pointe-à-Pitre. Premier gouverneur noir de la Guadeloupe, Éboué est un symbole de lutte contre le fascisme et pour l'égalité.
Près du Mémorial ACTe à Pointe-à-Pitre, la sculpture artistique créée par Hervé Beuze en 2015 incarne la résilience des peuples afro-caribéens et leur quête de liberté. Cette œuvre contemporaine invite à une réflexion profonde sur l'histoire de l'esclavage et les combats contre l'oppression. La passerelle menant au Morne de la Mémoire, située à Pointe-à-Pitre, conduit à un espace consacré à la mémoire des esclaves. Ce lieu symbolique et solennel invite les visiteurs à contempler le passé tout en célébrant la dignité et la résilience des peuples. Enfin, le Quai Mémorial ACTe, extension du Mémorial ACTe, est un lieu ouvert sur la mer qui célèbre les vies et les espoirs des victimes de l'esclavage.
Aujourd’hui, l’histoire de la Guadeloupe ne se limite pas aux musées ou aux livres. Elle vit dans les traditions, les monuments et le quotidien des habitants. Les statues de figures comme Louis Delgrès et Solitude, ou des lieux comme le Quai Mémorial ACTe, incarnent cette mémoire vivante. Chaque visiteur, en arpentant ses plages et ses montagnes, devient témoin de ce passé vibrant. Alors, que vous soyez en quête de détente ou d’authenticité, la Guadeloupe vous invite à explorer non seulement ses paysages, mais aussi son âme. Vous y trouverez une leçon universelle de courage, de diversité et d’espoir.